Aller au contenu

Page:De Merejkowsky - Le Roman de Léonard de Vinci, 1907.djvu/275

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Les uns priaient, les autres pleuraient. Quelques-uns riaient, sautaient, agitant leurs mains et leurs chaperons. D’autres prophétisaient.

— Chantez un nouvel hymne au Seigneur ! criait un bancal. Tout s’effondrera, brûlera, comme ces vanités, dans le feu purificateur, tout, tout, tout – l’église, les lois, les gouvernements, les arts, les sciences ; il ne restera pas pierre sur pierre, et ce sera un ciel nouveau, une terre nouvelle ! Et Dieu essuiera nos larmes, et il n’y aura plus ni mort, ni pleurs, ni tristesse, ni maladie ! Viens, viens, Seigneur Jésus !…

Une jeune femme enceinte, le visage amaigri par la misère, tomba à genoux et, tendant ses bras vers le bûcher comme si elle y voyait le Christ, hurla de toutes ses forces :

— Viens, Seigneur Jésus ! Amen ! amen ! Viens !…


VIII

Giovanni regardait un tableau éclairé par le feu, mais non léché encore par la flamme. C’était une œuvre de Léonard de Vinci. Léda, debout devant un lac, se mirait dans ses eaux. Un gigantesque cygne l’enlaçait de son aile, en tendant son cou, et emplissait l’air et les cieux de son cri d’amour triomphal. Aux pieds de Léda, parmi les plantes aquatiques, les insectes et les batraciens, les graines transies, les larves et les germes,