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Page:De Merejkowsky - Le Roman de Léonard de Vinci, 1907.djvu/277

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à coup, n’y tenant plus, vieillards, femmes et enfants, tous se mêlèrent à la ronde infernale. Un gros moine, ayant fait un saut maladroit, glissa, roula par terre et se fendit le front. À peine put-on le sauver du piétinement des furibonds. Le reflet pourpre illuminait les visages grimaçants. Le crucifix projetait une énorme ombre sur les danseurs.


Nous agitons nos croix
Et nous dansons, dansons, dansons,
Comme dansait David, le Roi.


La flamme atteignait maintenant la Léda, léchait de sa langue rouge son corps très blanc, rosé subitement et, par cela même, devenu presque vivant, encore plus mystérieux et plus superbe.

Giovanni la contemplait, tremblant et pâle. Léda eut un dernier sourire, s’enflamma, fondit dans le feu et disparut pour l’éternité.

Le grand pantin à son tour s’alluma. Son ventre bourré de poudre éclata avec fracas. Les flammes montèrent alors jusqu’au ciel. Le monstre lentement oscilla, se flétrit et s’effondra parmi les charbons rougis.

De nouveau les trompes et les timbales retentirent. Toutes les cloches s’ébranlèrent à la fois. Et la foule hurla, triomphante, comme si elle avait vaincu le diable lui-même, le mensonge, la souffrance, tous les maux de l’univers. Giovanni prit sa tête dans ses mains et voulut fuir, mais une main s’abaissa sur son épaule ; il se retourna, et aperçut le visage calme du Maître.