sur la paille. Personne ne reconnaît le poète malheureux, comme si son visage se cachait sous un masque ou était défiguré par la petite vérole. »
Avec un sourire amer, il inclina sa tête chauve. Grand, maigre, assis sur les talons devant le feu, avec son long nez rouge, il ressemblait à un oiseau malade et transi.
On frappa en bas, à la porte de la maison ; puis il entendit les jurons de sa vieille bonne hydropique et le bruit de ses socques sur les briques.
« Quel est le démon ? pensa Bernardo intrigué. Serait-ce encore Salomone pour ses intérêts ? Oh ! les impies maudits ! Même la nuit ils ne me laissent en paix… »
Les marches de l’escalier craquèrent. La porte s’ouvrit et une femme en manteau de martre, le visage caché par un loup de soie noire, pénétra dans la chambre.
Le poète sursauta et la regarda fixement.
Elle s’approcha, silencieuse, de l’unique chaise.
— Doucement, madonna, la prévint le poète, le dossier est cassé.
Et avec une amabilité toute mondaine, il ajouta :
— À quel bon génie dois-je le bonheur de voir une aussi belle dame dans mon humble logis ?
« Probablement une commande, un madrigal amoureux, songea-t-il. Tant mieux, c’est du pain ! ou du bois ! Seulement, c’est bien étrange, toute seule à cette heure-ci ! Après tout, mon nom est honorablement connu. Une admiratrice peut-être ?… »