avait été forcé de rentrer au palais, parce que la « jalouse Junon, qui avait deviné la trahison de son époux, avait arraché de sa tête son diadème et dispersé les perles sous forme de pluie et de grêle ».
Soudain, sous un tas de papiers, elle remarqua une élégante cassette en bois d’ébène, l’ouvrit et y découvrit une liasse de lettres joliment enrubannées.
Bernardo, qui suivait tous ses mouvements, effaré, leva les bras au ciel. La duchesse le regarda d’abord, puis se saisit des lettres, lut le nom de Lucrezia, reconnut l’écriture du duc et comprit que c’était bien là ce qu’elle cherchait – les brouillons des poésies commandées pour Lucrezia. Elle prit la liasse, la glissa dans son corsage et, sans mot dire, jetant au poète, comme à un chien, une bourse pleine de ducats, se retira.
Bellincioni l’entendit descendre l’escalier, claquer la porte, et il resta longtemps au milieu de la pièce, comme foudroyé. Le parquet sous ses pieds, lui semblait-il, oscillait comme un navire secoué par la tempête.
Enfin, épuisé, il tomba sur son lit boiteux et s’endormit d’un profond sommeil.
VII
La duchesse revint au palais.
Les invités, qui avaient remarqué son absence, murmuraient, se demandaient ce qui avait pu arriver.