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Page:De Merejkowsky - Le Roman de Léonard de Vinci, 1907.djvu/329

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IX

Le duc revint dans les salles du petit palais Rocchetto. Partout régnait un pénible silence. Il croisa une femme qui portait des langes. Elle s’approcha de lui et dit :

— Son Altesse est délivrée.

— Elle est vivante ? balbutia le More pâlissant.

— Oui. Mais l’enfant est mort. Son Altesse est très faible et désire vous voir. Venez.

Il entra dans la chambre et aperçut, sur les coussins, le visage minuscule, pareil à celui d’une fillette, calme, étrangement connu et étranger à la fois. Il s’inclina au-dessus d’elle.

— Envoie chercher Isabelle… vite ! dit tout bas Béatrice.

Le duc donna des ordres. Quelques instants après, une grande femme élancée, à l’expression fière et triste, la duchesse Isabelle d’Aragon, la veuve de Jean Galéas, entra dans la chambre et s’approcha de l’agonisante. Tout le monde sortit, sauf le confesseur et Ludovic qui s’éloignèrent dans un coin de la pièce.

Les deux femmes causèrent à voix basse. Puis Isabelle embrassa Béatrice en prononçant des paroles de pardon et s’agenouillant, le visage dans les mains, pria.