battaient aux champs ; la visière du heaume baissée, des chevaliers à cheval portaient des bannières de deuil, les coursiers étaient revêtus de caparaçons de velours noir brodé de croix blanches ; des moines de tous les couvents et le chanoine de Milan tenaient des cierges de six livres allumés ; l’archevêque de Milan était entouré de son clergé et des chœurs. Derrière le char énorme, tendu de drap d’argent, orné de quatre anges également en argent soutenant la couronne ducale, marchait le duc, son frère le cardinal Ascanio, les ambassadeurs d’Espagne, de Naples, de Venise et de Florence ; plus loin, les membres du Conseil secret, les chambellans, les docteurs de l’Université de Pavie, les commerçants notables, et enfin l’incalculable foule populaire.
Le cortège était si long que, au moment où le commencement entrait dans l’église Santa Maria delle Grazie, la fin se trouvait encore au château. Quelques jours plus tard, le duc fit orner le tombeau du mort-né Leone d’une superbe inscription. Il l’avait composée lui-même en italien et Merula l’avait traduite en latin.
« Malheureux enfant, je suis mort avant d’avoir vu le jour, et d’autant plus malheureux qu’en mourant j’ai privé ma mère de la vie, mon père de sa compagne. Je n’ai qu’une consolation dans ma triste destinée, c’est celle d’avoir été créé par des parents semblables aux dieux, Ludovic et Béatrice, duc et duchesse de Milan. 1497, troisième de janvier. »
Longtemps Ludovic admira cette inscription gravée en lettres d’or sur la plaque de marbre noir au-dessus