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Page:De Merejkowsky - Le Roman de Léonard de Vinci, 1907.djvu/373

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messer. J’y ai beaucoup songé aussi. Seulement tout cela, ce n’est pas cela…

— Pas cela ? sourit le vieillard fielleux. Alors, messer, éclairez-nous, soyez bon, apprenez-nous ce qui n’est pas cela à votre avis ?

— Mais non… je n’ai pas visé… je vous assure… autre chose que les coquillages. Je pense que… en un mot, il n’y a pas de science inférieure et supérieure, il n’y en a qu’une seule, celle qui se base sur l’expérience.

— Sur l’expérience ! Vraiment ! Permettez-moi de vous demander, dans ce cas, la métaphysique d’Aristote, de Platon, de Plotin, de tous les antiques philosophes qui ont parlé de Dieu, de l’âme, de la substance, tout cela alors serait ?…

— Oui, tout cela n’est pas la science, répliqua tranquillement Léonard. Je reconnais la grandeur des antiques, mais pas en cela. Pour la science ils ont suivi un chemin trompeur. Ils ont voulu connaître une science inaccessible et ils ont dédaigné l’autre. Ils se sont embrouillés eux-mêmes et ils ont embrouillé les autres pour plusieurs siècles. Car discutant de choses qu’ils ne pouvaient prouver, ils ne pouvaient tomber d’accord. Là où il n’y a pas d’arguments logiques, on les remplace par des cris. Celui qui sait n’a pas besoin de crier. La parole de la vérité est unique, et quand elle a été prononcée, tout le monde doit se taire ; si les cris continuent, c’est que la vérité n’existe pas. Est-ce qu’en mathématique on discute si trois et trois font six ou cinq ? si le total