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Page:De Merejkowsky - Le Roman de Léonard de Vinci, 1907.djvu/426

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Un grand bûcher avait été dressé, et au-dessus une potence, un large tronc d’arbre planté en terre avec une planche transversale supportant trois cordes et des chaînes. En dépit des efforts des charpentiers, qui raccourcissaient ou rallongeaient la transversale, la potence avait l’aspect d’une croix.

Une foule aussi compacte que le jour du duel du feu avait envahi la place, les fenêtres, les loggias et les toits des maisons. Du palais sortirent les accusés : Girolamo Savonarole, Domenico Buonviccini et Silvestro Maruffi.

Lorsqu’ils eurent fait quelques pas, ils s’arrêtèrent devant la tribune de l’ambassadeur du pape Alexandre VI. L’évêque se leva, prit le frère Savonarole par la main et récita les paroles d’excommunication d’une voix mal assurée, sans lever les yeux sur le moine qui le fixait. Il balbutia la dernière phrase :

Separo te ab Ecclesia militante atque triumphante. Je te sépare de l’Église combattante et triomphante.

Militante, non triumphante ; hoc enim tuum non est. Combattante, mais non triomphante ; cela n’est pas en ton pouvoir, rectifia Savonarole.

On arracha les vêtements des accusés, leur laissant seulement la chemise, et ils continuèrent leur chemin. Ils s’arrêtèrent par deux fois encore, d’abord devant la tribune des commissaires apostoliques pour entendre la lecture de l’arrêt, enfin devant la tribune des Huit Notables de la République florentine, qui déclarèrent la peine de mort au nom du peuple.