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Page:De Merejkowsky - Le Roman de Léonard de Vinci, 1907.djvu/445

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scrutateur de Léonard ; il tourna la tête de son côté, puis, se penchant vers un vieillard à long vêtement sombre qui se tenait près de lui, son secrétaire, il lui parla à l’oreille en désignant Léonard, et lorsque le vieillard eut répondu, il fixa obstinément l’artiste. Un étrange et insaisissable sourire glissa sur les lèvres du duc de Valentino. Et, au même instant, Léonard eut cette impression :

« Oui, tout est possible, il est capable de choses pires encore que celles qu’on raconte ».

Le doyen des syndics, ayant achevé sa lecture, s’approcha du trône, s’agenouilla et tendit au roi un placet. Louis XII, par mégarde, laissa choir le rouleau de parchemin. Le doyen voulut le ramasser. Mais César, d’un mouvement souple et vif, le prévint, releva le parchemin et le tendit au roi avec un salut.

— Laquais ! grogna, derrière Léonard, quelqu’un dans le groupe des seigneurs français. Est-il assez heureux de se montrer !

— Vous le dites, messer, approuva un autre. Le fils du pape remplit admirablement l’emploi de varlet. Si vous le voyiez, le matin, lorsque le roi s’habille, comme il le sert, comme il chauffe sa chemise ! On l’enverrait nettoyer l’écurie, qu’il ne se rebuterait pas !

L’artiste avait remarqué le mouvement servile de César, mais il lui avait semblé plutôt terrible que vil, une caresse traîtresse d’animal rapace.

Cependant, Paccioli s’agitait, poussait le coude de son compagnon, et voyant que Léonard, avec sa timidité habituelle, resterait toute la journée perdu dans la