L’enfant vivait solitaire. Il voyait rarement son bon oncle Francesco et son père qui le comblaient de friandises ; tous deux habitaient Florence la plus grande partie de l’année. Il ne fréquentait pas ses camarades d’école, qui lui étaient antipathiques. Leurs jeux lui déplaisaient. Lorsqu’ils arrachaient les ailes d’un papillon, se réjouissant de le voir ramper, Léonard souffrait, pâlissait et s’en allait. Pour s’être battu pour défendre une taupe martyrisée par les gamins, il fut durant plusieurs jours enfermé dans un cabinet noir sous l’escalier. Plus tard, il se souvint de cette injustice, la première de la longue série qu’il devait endurer, et il se demandait dans son journal : « Si déjà dans ton enfance on t’emprisonnait parce que tu agissais comme tu le devais, que fera-t-on de toi, maintenant que tu es un homme ? »
IV
Non loin de Vinci se construisait une grande villa pour le seigneur Pandolfo Ruccellai, sous la direction de l’architecte florentin Biajio da Ravenna, élève d’Alberti. Léonard venait souvent y voir travailler les ouvriers. Un jour, ser Biajio causa avec l’enfant et fut surpris de son intelligence. Tout d’abord en s’amusant, puis peu à peu entraîné, il commença à lui donner les premières notions de l’arithmétique, de l’algèbre, de la géométrie et de la mécanique. L’architecte