Aller au contenu

Page:De Merejkowsky - Le Roman de Léonard de Vinci, 1907.djvu/500

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

qu’on ne les avait jamais vues chez aucun maître jusqu’à lui.

Il n’acheva pourtant pas ce tableau, comme plus tard il ne devait achever aucune de ses œuvres. À la poursuite de la perfection insaisissable, il se créait des difficultés que le pinceau ne pouvait vaincre. Selon les paroles de Pétrarque, « la trop grande force du désir en empêchait la réalisation ».

La seconde femme de ser Piero, madonna Francesca, mourut toute jeune. Il se maria une troisième fois avec Margareta, fille de ser Francesco di Jacopo di Gullelmo, qui lui apporta en dot 365 florins. La belle-mère ne sympathisa pas avec Léonard, surtout après la naissance de ses deux fils, Antonio et Juliano.

Léonard était dépensier. Ser Piero, bien que chichement, lui venait en aide. Monna Margareta accusa son mari de distraire le bien de ses enfants légitimes pour le donner à un « bâtard élevé par une chèvre de sorcière ».

Parmi ses camarades à l’atelier de Verrocchio, il avait aussi des ennemis. L’un d’eux, se fondant sur la grande amitié existant entre le maître et l’élève, en un rapport anonyme les accusa de sodomie. La calomnie avait un semblant de vérité en ce que Léonard, étant le plus bel adolescent de Florence, fuyait la société des femmes. « Tout son être reflétait un tel rayonnement de beauté, disait un de ses contemporains, que l’âme la plus triste se réjouissait à sa vue. »

Cette même année il abandonna l’atelier de Verrocchio