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Page:De Merejkowsky - Le Roman de Léonard de Vinci, 1907.djvu/518

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affaire en se permettant des impertinences vis-à-vis de gens honorables, à cause de la première traînée venue.

Mais l’hôtelière, femme batailleuse, se mêla à la discussion et fit observer à messer Nicolo qu’avant d’injurier et de se révolter il fallait payer ses dettes, sa chambre, celle du valet et la nourriture de trois chevaux, de plus rendre à son mari les quatre ducats empruntés la semaine précédente. Et comme à part soi, mais assez fort pour que l’on puisse l’entendre, elle souhaita mauvaise Pâque aux traînards sans le sou, qui courent les grand-routes en se faisant passer pour des seigneurs, vivent à crédit, et de plus se dressent sur leurs ergots devant les honnêtes gens.

Il devait y avoir une part de vérité dans les paroles de l’hôtesse, car Nicolas se tut, baissa les yeux sous son regard accusateur et semblait combiner une retraite convenable.

Les domestiques sortaient déjà ses affaires de sa chambre, et la hideuse guenon favorite de madonna Leda, à moitié gelée pendant le voyage, grimaçait piteusement, assise sur la table encombrée de papiers et des livres de messer Nicolo, entre autres les Décades de Tite-Live et la Vie des hommes illustres de Plutarque.

— Messer, lui dit Léonard avec un aimable sourire en retirant son béret, s’il vous était agréable de partager ma chambre, je considérerais comme un honneur pour moi de rendre ce petit service à Votre Excellence.

Nicolas, surpris, se retourna, puis remercia dignement.