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Page:De Merejkowsky - Le Roman de Léonard de Vinci, 1907.djvu/523

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III

Ils causèrent longtemps. Léonard constata que, hardi jusqu’à l’impertinence en tout, Nicolas devenait superstitieux et timide comme un jeune pédant, dès qu’on touchait à l’Antiquité.

« Il a de grands projets, mais comment les réalisera-t-il ? » songea l’artiste, se remémorant l’histoire du jeu d’osselets, dont Machiavel, si ingénieusement, exposait les règles abstraites, et chaque fois perdait en les mettant en pratique.

— Savez-vous, messer ? s’écria Nicolas au milieu d’une discussion, avec un éclair joyeux dans les yeux. Plus je vous écoute, plus je m’étonne, moins j’en crois mes oreilles. Songez un peu quelle rare fusion d’étoiles il a fallu pour nous rencontrer ! On peut diviser les gens en trois catégories : la première, ceux qui voient et devinent eux-mêmes ; la seconde, ceux qui voient quand on leur montre ; la dernière, ceux qui ne voient et ne comprennent pas ce qu’on leur montre. Votre Excellence… eh bien ! et moi aussi, afin de ne pas jouer à la modestie, nous appartenons à la première. Pourquoi riez-vous ? Pensez ce que vous voulez, mais moi, je crois qu’une force supérieure a présidé à cette rencontre, et que de longtemps ne se renouvellera une semblable occasion, car