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Page:De Merejkowsky - Le Roman de Léonard de Vinci, 1907.djvu/529

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deux domestiques et trois chevaux qui ne peuvent se nourrir avec les belles promesses de ces seigneurs. À Imola j’ai reçu soixante ducats et j’ai dû en payer soixante-dix. Sans des gens compatissants, le secrétaire de la République florentine aurait dû mourir de faim. Il n’y a pas à dire, la Seigneurie a de drôles de façons de faire honneur à la ville, en forçant son délégué près d’une cour étrangère à solliciter trois ou quatre ducats comme un mendiant !

Il savait ses plaintes inutiles. Mais cela lui était indifférent, pourvu qu’il déversât sa bile. Il n’y avait personne dans la cuisine. Ils pouvaient causer librement.

— Notre compatriote, messer Leonardo da Vinci, – le gonfalonier doit le connaître –, continua Machiavel en désignant le peintre que Luccio salua, messer Leonardo a été hier témoin des vexations auxquelles je suis en butte… J’exige, vous entendez, je ne demande pas, j’exige ma démission ! conclut-il de plus en plus exalté et s’imaginant visiblement voir dans le jeune Florentin le représentant de toute la Seigneurie. Je suis un homme pauvre. Mes affaires sont en piteux état. Enfin, je suis malade. Si cela doit continuer ainsi, on me ramènera chez moi dans un cercueil ! De plus, tout ce qu’il était possible de faire pour ma mission, je l’ai fait. Traîner les pourparlers, tourner autour et alentour, un pas en avant, un pas en arrière, je vous tire ma révérence ! Je considère le duc comme un homme beaucoup trop intelligent pour une politique aussi enfantine. J’ai du reste écrit à votre oncle…