Aller au contenu

Page:De Merejkowsky - Le Roman de Léonard de Vinci, 1907.djvu/559

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Romagne, entre Cervia et Porto Cesenatico, une troupe de cavaliers masqués et armés attaqua un convoi qui accompagnait d’Urbino à Venise la femme de Battista Caraciolo, capitaine de la Sérénissime République, madonna Dorothea, et sa cousine Marie, jeune fille de quinze ans, novice au monastère d’Urbino. Se saisissant des deux femmes, on les avait entraînées, et depuis personne n’en avait eu des nouvelles. La République de Venise se considéra offensée, en la personne de son capitaine, et le Sénat et le Comité adressèrent leurs plaintes à Louis XII, au roi d’Espagne et au pape, accusant ouvertement de rapt le duc de Romagne. Mais les preuves manquaient, et César répondit qu’il avait trop de femmes désireuses de lui appartenir pour chercher à les racoler sur les grandes routes.

On disait que madonna Dorothea s’était vite consolée et suivait le duc dans toutes ses campagnes.

Marie avait un frère, messer Dionisio, jeune capitaine au service de Florence. Lorsqu’il eut constaté l’inutilité de toutes les démarches officielles, Dionisio résolut de tenter lui-même la chance, entra en Romagne sous un faux nom, se présenta au duc, gagna sa confiance, pénétra dans le fort de Cesena et s’enfuit avec Marie déguisée en homme. Mais à la frontière de Perugio ils furent rejoints par un détachement. On tua le frère, on ramena Marie à Cesena.

Machiavel, secrétaire de la République florentine, avait pris part à cette affaire. Dionisio, qui était devenu son ami, lui avait confié le secret de la conspiration,