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Page:De Merejkowsky - Le Roman de Léonard de Vinci, 1907.djvu/583

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son verre à la hauteur de la flamme de la chandelle, et admirait le pâle reflet doré du vin dans les facettes du cristal.

Un petit moine errant, fra Martino, exprimait son indignation contre les concussions de la Curie :

— Qu’ils volent une fois, deux fois, soit ; mais ainsi continuellement ! Mieux vaut tomber entre les mains des brigands qu’entre celle des prélats romains. C’est le pillage en plein jour ! La main à la poche pour le penitensiario, le protonotaire, le cubiculari, l’ostiari, le palefrenier, le cuisinier, le valet de Son Excellence, la maîtresse du cardinal !

Hans Plater se leva, prit un air solennel, et lorsque tout le monde se fut tu, les regards fixés sur lui, il dit d’une voix traînante, comme s’il récitait un psaume :

— S’approchèrent du pape ses disciples, les cardinaux, et lui demandèrent : « Que devons-nous faire pour sauver notre âme ? » et Alexandre répondit : « Pourquoi me le demandez-vous ? C’est écrit dans la loi et je vous le dis : Aime l’or et l’argent, de tout ton cœur et de toute ton âme, et aime le riche comme toi-même. Faites ainsi et vous vivrez. » Et s’assit le pape sur son trône et dit : « Heureux ceux qui possèdent, car ils verront mon visage ; heureux ceux qui donnent, car ils seront mes fils ; heureux ceux qui auront de l’or et de l’argent pour la Curie papale. Malheur aux pauvres qui viennent les mains vides, car mieux vaudrait pour eux couler au fond des mers, une pierre au cou. » Les cardinaux répondirent : « Il en sera fait