sang est pur et rouge… J’aime les enfants. Ne les tourmentez pas. Sinite parvulos ad me venire. Ne défendez pas aux petits de venir à moi…
L’imperturbable évêque de Vanosa frissonna en entendant ce délire s’échapper des lèvres du représentant du Christ. D’un mouvement uniforme, éperdu, comme un noyé qui se débat, le pape tâtonnait, fouillait, espérant retrouver sur sa poitrine le précieux médaillon. Durant sa maladie, pas une fois il ne parla de ses enfants. Apprenant que César était mourant aussi, il resta indifférent. Lorsqu’on lui demanda s’il désirait exprimer ses dernières volontés à son fils ou à sa fille, il se détourna sans répondre, comme si pour lui déjà n’existaient plus ceux que toute sa vie il avait aimés d’un amour exclusif.
Le vendredi 18 août, il se confessa à l’évêque de Carinola, Piero Gamboa, et communia.
À la tombée du jour on lui lut la prière des agonisants. À plusieurs reprises le moribond voulut dire quelque chose, fit un geste de la main. Le cardinal Ilerda se pencha au-dessus de lui et devina plus qu’il n’entendit :
— Plus vite… Plus vite… Une prière à ma Défenderesse !
Bien que ce ne fût pas selon les rites de l’Église de dire cette prière près d’un agonisant, Ilerda exécuta la dernière volonté de son ami et récita le Stabat Mater dolorosa.
Un inexprimable sentiment brilla dans les yeux d’Alexandre VI. On eût dit qu’il voyait devant soi sa