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Page:De Merejkowsky - Le Roman de Léonard de Vinci, 1907.djvu/642

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— J’ai remarqué que lorsqu’on peint, on ne doit penser à rien, tout alors se présente mieux.

Il disait, l’adolescent, avec tout son être, que l’unité, la parfaite harmonie du sentiment et de la raison, de la connaissance et de l’amour que le maître recherchait n’existaient pas et ne pouvaient exister.

Et devant sa modeste et insouciante candeur, Léonard éprouvait des doutes plus grands, une crainte plus intense pour l’avenir de l’art, pour l’œuvre de toute sa vie, que devant l’indignation et la haine de Buonarotti.

— D’où es-tu, mon fils ? avait-il demandé à l’adolescent. Qui est ton père et comment t’appelles-tu ?

— Je suis né à Urbino, répondit le jeune homme avec son caressant sourire. Mon père est le peintre Sanzio. Mon nom, Raphaël.


III

Léonard devait se rendre à Pise pour diriger les travaux du détournement de l’Arno dans le port de Livourne.

La veille de son départ, revenant de chez Machiavel, il traversait le pont Santa Trinità et s’engageait dans la rue Tornabuoni.

Il était tard. Les passants étaient rares. Le silence n’était troublé que par le bruit de l’eau battue par la