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Page:De Merejkowsky - Le Roman de Léonard de Vinci, 1907.djvu/651

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Il se retourna et, avec dépit, renfrogné, regarda le rayon de soleil méchamment aigu. Les multiples gouttes du jet d’eau, jusqu’à présent pâles et sans vie, sous le vivant rayon s’allumèrent de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel – les couleurs de la vie. Et Léonard, subitement, sentit qu’il revenait à la vie – timide, faible, pitoyable.

— Cela ne fait rien, dit monna Lisa, tendez le velum. Il n’est pas tard. Je ne suis pas fatiguée.

— Non, cela suffit, répondit Léonard en jetant le pinceau.

— Vous ne finirez jamais le portrait ?

— Pourquoi ? demanda-t-il précipitamment, comme effrayé. Ne viendrez-vous plus chez moi quand vous serez de retour ?

— Si. Mais peut-être que dans trois mois je serai tout à fait autre et vous ne me reconnaîtrez plus. N’avez-vous pas dit vous-même que le visage des gens et particulièrement des femmes changeait rapidement ?

— Je voudrais le finir, dit-il lentement, comme à lui-même. Mais, je ne sais… Il me semble parfois que ce que je veux est impossible.

— Impossible ? s’étonna Gioconda. En effet, j’ai entendu dire que c’est parce que vous cherchez l’impossible que vous n’achevez jamais vos œuvres.

Dans ces paroles, Léonard sentit un reproche.

Gioconda se leva, et simple comme d’habitude dit :

— Il est temps. Au revoir, messer Leonardo. Bon voyage !