« Qui sait ? songea Léonard, cet homme portait peut-être en soi l’amour de la beauté qui l’excusera au jugement suprême ? »
Méditant sur le sort malheureux du duc, il se souvint des récits rapportés par un voyageur espagnol au sujet de la mort de son autre protecteur, César Borgia. Le successeur d’Alexandre VI, Jules II, avait traîtreusement livré César à ses ennemis. Emmené en Castille et incarcéré dans la tour Medina del Campo, César s’était enfui avec une adresse et un courage incroyables, descendant à l’aide d’une corde d’une hauteur vertigineuse. Les geôliers eurent le temps de couper la corde. Il tomba, se blessa sérieusement, mais conserva assez de présence d’esprit pour, revenu à lui, ramper jusqu’aux chevaux préparés par ses complices et s’enfuir au galop. Puis, ayant gagné Pampelune, il s’était présenté à la cour de son beau-frère, le roi de Navarre, et avait pris du service comme condottiere.
À la nouvelle de la fuite de César, la terreur se répandit en Italie. Le pape tremblait. On mit la tête du duc au prix de dix mille ducats.
Durant l’hiver 1507, dans une rencontre avec les mercenaires du comte de Beaumont, après avoir pénétré dans les rangs de l’ennemi, César, abandonné de ses hommes, fut traqué comme un fauve dans un ravin, et là, se défendant avec une vaillance désespérée, il était tombé, frappé de plus de vingt coups. Les mercenaires, tentés par ses armes et ses vêtements, après l’en avoir dépouillé, le laissèrent entièrement nu et