des projets trop hardis de Léonard, le roi peu à peu s’en désintéressa et bientôt les oublia. L’artiste comprit qu’en dépit de toute son affabilité il ne devait attendre de François Ier rien de plus que de Ludovic, de César, de Soderini, de Léon X et de Médicis. Son dernier espoir d’être compris, de donner aux gens une petite partie de sa science, de ce qu’il avait amassé durant sa vie, ce dernier espoir le trahissait. Il décida de se renfermer en lui-même et de renoncer à toute action.
Au début du printemps 1517, Léonard revint au château de Cloux, malade, miné par la fièvre des marais. En été un mieux sensible se produisit, mais c’en était fait de sa santé.
L’artiste commença un étrange tableau.
À l’ombre de hauts rochers, parmi des plantes fleuries, un dieu couronné de raisin, les cheveux longs, efféminé, le visage pâle et langoureux, drapé dans une peau de daim, tenant un thyrse dans ses mains, les jambes croisées, écoutait, la tête inclinée, un sourire énigmatique sur les lèvres.
Dans la cassette de Beltraffio, Léonard avait trouvé une améthyste sculptée – probablement un cadeau de monna Cassandra – représentant Dionysos. À cette pierre étaient joints les vers d’Euripide : Les Bacchantes, traduits du grec et copiés par Giovanni. À plusieurs reprises Léonard relut ces fragments.
« Ô étranger, disait ironiquement Penthée au dieu méconnu, tu es superbe et possèdes tout ce qu’il faut pour fasciner les femmes : tes cheveux longs encadrent