fauteuil. Il considérait la Joconde avec des yeux affolés. Des plans enfantins germaient dans son cerveau : il voulait cacher le portrait de façon que le roi ne pût le trouver, et ne le livrer même sous peine de mort ; ou bien encore l’envoyer en Italie avec Francesco Melzi et fuir lui-même pour la suivre.
La nuit tomba. À plusieurs reprises Francesco avait entrouvert la porte de l’atelier, sans oser parler. Léonard restait toujours assis devant le portrait ; son visage, dans l’obscurité, paraissait pâle et immobile comme celui d’un mort.
La nuit, il entra dans la chambre de Francesco.
— Lève-toi, lui dit-il. Allons au palais. Je dois voir le roi.
— Il est tard, maître. Vous êtes fatigué. Vous tomberez malade. Vraiment, remettez à demain.
— Non, de suite. Allume la lanterne et conduis-moi. Si tu ne veux pas, j’irai tout seul.
Sans répliquer, Francesco se leva, se vêtit à la hâte, et tous deux s’acheminèrent vers le palais.
V
Le château se trouvait à dix minutes de marche ; mais la route était mauvaise et pénible. Léonard marchait lentement en s’appuyant sur le bras de Francesco.