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Page:De Merejkowsky - Le Roman de Léonard de Vinci, 1907.djvu/714

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nid derrière la haute cheminée, pour lui rendre la liberté au printemps.

Il n’essayait plus de travailler et avait caché dans un coin de l’atelier le Saint Jean inachevé, les dessins, les pinceaux et les couleurs. Les journées s’écoulaient vides. Parfois, le notaire, maître Guillaume, venait rendre visite à Léonard, parlait des récoltes, de la cherté du sel, ou expliquait à la cuisinière Mathurine à quoi on distinguait un lapereau d’un vieux lapin. De même venait souvent un moine franciscain, le frère Guillielmo, originaire d’Italie, mais depuis de longues années établi à Amboise – vieillard simple, gai et aimable ; il avait le don de conter admirablement les nouvelles florentines les plus lestes. Léonard riait à ces récits d’aussi bon cœur que le narrateur.

Durant les interminables soirées d’hiver, ils jouaient aux échecs, aux cartes et aux jonchets.

— Lorsque les hôtes avaient regagné leur logis, Léonard pendant des heures marchait de long en large, jetant de temps à autre un regard sur le mécanicien Zoroastro da Peretola. Maintenant, plus que jamais, cet infirme représentait pour lui le remords vivant, l’ironie de l’effort de toute sa vie : les ailes humaines. Assis dans un coin, les jambes repliées, il rabotait des planchettes ou taillait des toupies ; ou encore, les yeux mi-clos, avec un sourire béat, agitait ses bras comme des ailes et marmonnait sa triste chanson.

Enfin, la nuit tombait tout à fait. Un grand silence régnait dans la maison ; la tempête hurlait dehors,