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Page:De Merejkowsky - Le Roman de Léonard de Vinci, 1907.djvu/716

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qu’à s’échapper du corps pour retourner à Celui qui l’y a enfermée.

« Dans la nature il n’y a rien d’autre que la force et le mouvement ; la force est la volonté du bonheur.

« Une partie souhaite toujours s’unir à l’entier pour échapper à l’imperfection ; l’âme désire toujours être dans un corps, parce que sans les organes elle ne peut agir, ni sentir.

« Comme une journée bien employée procure un bon sommeil, une vie bien vécue donne une douce mort.

« Quand je croyais que j’apprenais à vivre, j’apprenais seulement à mourir. »


VIII

Au début de février, la température s’adoucit, la neige commença à fondre sur les toits, les bourgeons éclatèrent. Le matin, lorsque le soleil glissait ses rayons dans l’atelier, Francesco installait dans un fauteuil son vieux maître, et celui-ci se chauffait immobile, la tête inclinée, les mains posées sur les genoux ; dans ces mains et sur ce visage se lisait une expression de fatigue infinie.

L’hirondelle qui avait hiverné derrière la cheminée et que Léonard avait apprivoisée tournoyait dans la pièce, se posait sur l’épaule de l’artiste ou sur ses