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les funérailles

de hurlements ininterrompus. Ceux qui souffraient le plus étaient seuls à ne pas gémir. Le Soir et le Carcois assis sur leurs talons, auprès de La Source comme des chiens fidèles, se redressaient de temps en temps, considéraient longuement les traits décomposés de La Source puis se replongeaient dans la méditation.

Les Français émus de cette douleur farouche, ne cherchaient pas à la distraire.

Enfin on procéda aux funérailles.

C’était au crépuscule. Dans un linceul d’écorce, la vierge fut portée au lieu de la sépulture sur les épaules des jeunes guerriers. Toute la tribu suivait, tenant des torches résineuses.

La morte étant une fille de qualité, avait d’innombrables pleureuses, toutes remplies de zèle : leurs gémissements résonnaient dans le bois en une plainte souverainement triste. Le vent, qui faisait s’entrechoquer les rameaux, mêlait ses soupirs à leurs cris longuement modulés, et les oiseaux effarés ajoutaient l’angoisse de leurs piaillements à l’incohérence de la cérémonie. Toute la forêt semblait pleurer la pauvre fleur que l’amour avait brisée.

Le Carcois, au premier rang, allait la tête haute. Comme ceux de sa race, il croyait déshonorant tout signe d’émotion, mais sa fierté n’avait pu dompter le désespoir : son œil altier était devenu morne. La tristesse de l’âme se lisait dans les