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vers québec

cents Algonquins décidèrent de reconduire les Français jusqu’au Grand Sault, qui était le lieu de leur rendez-vous. C’est là qu’ils espéraient trouver le gouverneur.

Le cinq du mois, les préparatifs étant terminés, les voyageurs partirent. Plusieurs emmenaient leurs femmes et leurs enfants ; c’était l’usage quand ils n’allaient pas à la guerre.

Ces pauvres gens ne laissaient point de trésors derrière eux lorsqu’ils s’embarquaient en famille, mais telle était cependant leur probité, que nul n’aurait osé toucher aux effets d’un absent. Chacun retrouvait son ménage tel qu’il l’avait laissé.[1]

Au commencement, le voyage ne manqua pas de charmes. La température était splendide ; les rameurs, torse nu, penchés en avant, plongeaient vigoureusement et sans bruit l’aviron dans la nappe limpide, raidissant leurs muscles contre la résistance de l’eau ; et les pirogues glissaient à la surface, en laissant un sillon argenté. Le soleil épandait une douceur tiède qui remontait du sol en buée légère, se parfumait en passant à travers les brindilles et les fleurs naissantes, et s’élevait plus diaphane à mesure qu’elle élargissait ses plis,

  1. Quelques nations, cependant, étaient incorrigiblement larronnes. Les Hurons notamment dérobaient avec leurs pieds ce qu’ils ne pouvaient attraper avec leurs mains.
    Ceci est confirmé par Champlain, Sagard et autres auteurs.