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prologue

« Mais vous ne l’avez donc point entendu, Samuel, exposer sa fausse théorie de crois ou meurs ? Lorsqu’on a ce feu-là dans l’âme, sa sœur fût-elle la plus belle fille de toutes les Espagnes, on doit la mettre à l’abri derrière les murs d’un cloître, et courir ensuite vers le Nouveau-Monde, planter sa bannière. »

« Vous ne songez pas à ce que deviendrait cette pauvre enfant, s’il était tué ? »

« Mais vous y songez, vous… Et soyez assuré qu’il ne manquerait pas de preux chevaliers, heureux d’offrir à l’intéressante abandonnée une autre protection. »

« Olivier, pouvez-vous exprimer une telle extravagance ? je n’ai vu cette jeune personne qu’une fois ?… »

« Bah ! sera-t-elle plus jolie quand vous l’aurez vue vingt fois ? D’ailleurs elle est intelligente, puisqu’elle s’ennuie dans la société de ce rousseau, et bonne : elle a employé une périphrase pour le lui dire… »

« Vous êtes sévère : songez que cette belle personne a vingt ans, que ses goûts, que son éducation la destinent à un rôle moins obscur. »

Olivier devint très grave : « Je songe à tout cela et à bien d’autres choses encore. Voulez-vous savoir le fond de ma pensée ? »

« C’est mon plus vif désir. »

« Eh ! bien ; jusqu’ici, vous vous êtes enfermé dans le rêve et l’étude ; l’art a été votre seul