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prologue

« Mais puisque monseigneur le comte de Savigny est ici, je cours en prévenir mon maître, dit le valet en se ravissant. » Et il partit en hâte.

« Son maître est, sans doute, quelque vieil ami du mien, pressé de le revoir, pensa Japhet, sans s’étonner de la brusquerie de son camarade. Puis, philosophiquement, il leva son verre et dit : Je bois à l’amitié, le vrai bien, le seul bien ! »

Le comte, les pieds allongés vers l’âtre et commodément installé sur un fauteuil, était plongé dans une rêverie très douce, où passaient de séduisants tableaux. Le bonheur de la comtesse était le but de tous ses projets. Pour elle, il désirait la vie brillante qu’il avait dédaignée, et voulait revendiquer tous les droits de son antique noblesse, afin que sa chère Mercédès fût l’une des premières dames de France. Il avait deviné qu’elle s’ennuyait à Savigny : il la mènerait à Paris ; elle était digne de briller à la cour, il la présenterait…

Un coup discret, frappé à la porte, le ramena en sentiment de la réalité. Le comte alla ouvrir, car il avait poussé le verrou.

Son domestique se faufila dans l’entrebaillement, expliquant sa rencontre avec le valet d’un gentilhomme qui se rendait à Savigny, et l’insistance de ce dernier pour être immédiatement reçu par le comte.