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hivernement chez les sauvages

terre. Depuis quelques années, on parlait beaucoup d’un pays merveilleux que la France était en train de conquérir par les soins d’un intrépide capitaine, Samuel de Champlain. Le jeune homme sentit que ses rêves avaient désormais des ailes. Il sollicita la permission de s’embarquer pour le Nouveau-Monde.

Madame de Savigny sursauta à cette requête, et refusa. À son grand étonnement, Philippe insista avec détermination. Se rendant enfin compte que son fils avait vingt ans, la mère dut céder. Et le hardi gentilhomme connut la sensation d’être ballotté sur l’Océan déchaîné, perdu entre le ciel et l’eau.

On sait déjà qu’il fit, dans ce premier voyage, un rude apprentissage de la mer.

Paul Guertal avait une histoire plus modeste. Il était fils d’un pêcheur de Brouage, qu’une vague avait emporté. Sa mère peina pour l’élever jusqu’à quatorze ans ; puis, de privations et de fatigues, elle mourut. Ce garçon était intelligent, honnête et très audacieux la misère de son enfance ayant allumé en lui un insatiable désir de liberté. C’était cette ambition qui le poussait vers les régions inexplorées.

D’une joyeuse humeur et d’un bon caractère, il n’était cependant pas beau : le regard pénétrant de ses yeux noirs et son sourire bon enfant constituaient ses seuls attraits physiques.

Durant toute la saison, les deux jeunes gens