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hivernement chez les sauvages

sont accoutumés à telle fatigue. Pour nos Français, ils n’en eurent pas meilleur marché par plusieurs fois pensaient êstre perdus : mais la divine bonté nous préserva tous. »

Ces fâcheux incidents ne purent interrompre la périlleuse expédition dont les difficultés devenaient de plus en plus grandes.

Parfois les voyageurs étaient obligés de marcher courbés, repliés sur eux-mêmes, se frayant à coups de haches un chemin dans l’enchevêtrement des arbres renversés, passant tantôt dessus, tantôt dessous, haletants, épuisés. À un certain endroit, afin d’alléger les canots, ils sacrifièrent les vivres, se résignant, dans cette extrême fatigue, aux seuls hasards de la pêche pour leur nourriture.

Enfin, le sept juin, après tant de peines, ils arrivèrent chez les sauvages cantonnés au lac du Rat-Musqué, dont le chef, Nibachis, et toute sa tribu n’en pouvaient croire leurs yeux que des Français se fussent hasardés en de tels périls pour les venir voir.

Le jour suivant, Nibachis fit équiper deux canots, afin de conduire ses hôtes chez une nation amie, établie sept lieues plus loin, sur les bords du Lac aux Allumettes. Le chef, nommé Tessouat, reçut les Français avec une grande magnificence. Il donna en leur honneur une tabagie à laquelle furent conviés les sagamos des nations voisines.

Champlain a relaté cette fête :