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l’enlèvement

s’en va chercher sous son lit la gibecière en peau de chevreuil. Pendant ce temps, Philippe, apercevant, hors de la cabane, La Source pensive et la tête sur ses genoux, s’approche d’elle, et lui touchant familièrement l’épaule : « À quelle grave méditation s’occupe donc ma sœur, qu’elle ne voit même plus ses amis ? » La jeune fille sourit ingénument et répond : « Oh ! je fais un doux songe mais le doux songe doit bientôt finir et je redoute la tristesse du réveil. »

— « Et ne peux-tu me dire quel est ce beau rêve qui met de la mélancolie dans tes yeux ? »

— « Le rêve d’une fille des bois pourrait-il toucher mon frère au visage pâle ? reprend-elle avec exaltation. »

Et Philippe, étonné de cette émotion dont il ignore la cause, répond machinalement : « Pourquoi pas ? Douterais-tu de mon cœur ? »

Les prunelles de la sauvagesse ont un éclair de joie. Mais Paul qui revient, interpelle son ami ; celui-ci s’éloigne sans voir l’ardeur passionnée qui luit dans les prunelles sombres de la naïve Indienne.

Elle considère longuement les deux jeunes gens, puis, comme attirée par un aimant irrésistible, lentement elle se lève et les suit, en se cachant.

La forêt était proche ; les sauvages n’abattaient d’arbres que ce qu’il fallait à l’établissement de leurs villages, car le défrichement n’était pas une