Page:De Musset - Voyage en Italie et en Sicile, 1866.djvu/121

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est la mort des orchestres. On ne sait pas assez de gré aux pauvres musiciens de se démancher les épaules ou de souffler leurs poumons dans des tubes, tandis que l’acteur, qui se démène comme un diable, prend un exercice violent, à la vérité, mais salutaire. Quand je vois les trombones éclater en gammes chromatiques pour nous faire entendre ce que pense un personnage secondaire, qui n’a pas même de panache sur la tête, je soutiens qu’on abuse des instruments et qu’on prodigue les cuivres.

Une autre réforme importante à faire au ballet italien serait de supprimer les danses d’hommes. A chaque instant se présentent une trentaine de singes, sautant sur leurs talons, s’entremêlant le sabre à la main et s’imaginant nous divertir beaucoup parce qu’ils nous montrent alternativement leur profil droit et gauche. Mais occupons-nous de Floreska. L’héroïne est une jeune dame polonaise, mariée à Edwinski, un fort grand seigneur tout couvert de plumes. Le ciel a béni leur union en leur accordant un petit enfant blond admirablement frisé, véritable chérubin destiné à d’étranges vicissitudes. Au premier acte, on danse ; des feux de bivouac annoncent que tout à l’heure on se battra. En effet, le cruel Zamoski, autre seigneur, ennemi des jeunes époux, s’avance avec ses troupes. On court aux armes ; on va chercher des sabres très recourbés et on danse un dernier pas avant de livrer bataille, tandis que Floreska et son mari se font de tendres adieux. Le signal du combat est donné ; la mêlée s’engage ; Zamoski est mis en fuite mais la pauvre Floreska, tombée dans une embuscade, est emmenée avec son enfant. Le mari, au désespoir, veut se tuer d’abord,