Page:De Musset - Voyage en Italie et en Sicile, 1866.djvu/22

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Les voyageurs ont souvent le défaut de se moquer outrageusement des italiens une fois qu’ils ont quitté l’Italie. Ils ne font attention qu’aux ridicules et ils en inventent quand ils n’en voient pas. On accepte mille petits services, on reçoit de bons procédés comme s’ils vous étaient dus ; on mange le dîner, on boit le vin, on fait la cour à la maîtresse du logis et puis, aussitôt qu’on est parti, o raille les gens à tort et à travers, souvent avec la pesanteur d’un Thersite. Une dame anglaise de beaucoup d’esprit, après s’être moquée ingénieusement des Américains, s’est crue obligée de berner les Italiens sans discernement et s’en est mal acquittée parce que la raillerie de profession devient bien vite béotienne quand on la croit du plus fin atticisme. C’est faire comme cet homme qui, ayant eu un succès avec des bottes à revers, ne voulut plus les quitter jusqu’à sa mort.

La société de Naples se divise en deux parts, l’une composée de gens du pays, qui ne varie pas, et l’autre d’étrangers qui se renouvelle chaque année. Au mois de mai, la désorganisation s’opère. Il y a bien les ombrages de Castrallamare