— Qu’avez-vous fait là ? me dit-elle. Ne saviez-vous pas ce que ces amoureux avaient à se dire ? Cette occasion de causer ensemble était une rareté pour eux ; ils vous auront maudit de tout leur cœur.
Ne voulant pas accepter le titre de fâcheux, j’expliquai à cette dame l’usage des salons de Paris. Elle se mit à rire.
— Voilà bien un raffinement français, dit-elle. C’est une comédie dont on n’est dupe ni d’un côté, ni de l’autre. Elle avoua pourtant que, si l’usage napolitain offre un bénéfice certain, celui de France a plus de délicatesse.
Pendant que j’étais à Naples, on y avait le goût des tableaux vivants. C’est une occasion pour les dames qui figurent dans ces amusements de changer leur coiffure, d’acheter des étoffes de luxe, de s’entourer de couturières, de se voir avec un visage nouveau dans leur miroir et de se montrer sous un aspect favorable. Le plaisir est d’ailleurs plus grand pour les acteurs que pour ceux qui regardent, à cause des préparatifs et des répétitions, tandis que le jour de la représentation la variété des tableaux lutte vainement contre la longueur des entr’actes. Les succès ont été pour une fort belle lady qui représentait Marie Stuart et pour une jolie dame à qui le costume de bouquetière du dix-huitième siècle allait à ravir. L’Ambassade de France paya son tribut à l’entrain du pays et aux plaisirs de l’hiver par une représentation composée de deux proverbes et d’une comédie. Les honneurs de la soirée ont été pour la pièce de Prosper et Vincent, jouée avec talent par des amateurs, la plupart débutants dans la carrière dramatique.