quinze francs tout de suite ; il y a cinq francs de bénéfice ». Le Napolitain, plus passionné, ne connaît pas de lendemain. Il se précipite sur l’argent partout où il l’aperçoit, sans s’inquiéter si vous reviendrez jamais.
Mon compagnon de voyage et voisin de chambre, le seigneur espagnol, avait eu l’imprudence de déclarer à son patron d’auberge qu’il passerait un seul mois à Naples et il avait payé ce mois de loyer d’avance. Au bout de trois jours on ne le servait plus ; on ne faisait plus son lit et il se suspendait vainement à la sonnette : « à quoi bon ? se disait-on, il a payé ». L’autre compagnon, le seigneur bolonais qui regardait de près à ses dépenses, avait tant débattu le prix de sa chambre qu’il l’avait obtenue pour quatre carlins par jour. Il arriva qu’un Anglais, qui désirait cet appartement, offrît un carlin de plus. On tâcha aussitôt de rendre insupportable au Bolonais le séjour de cette chambre et on y allait sans ménagements, avec une audace et un cynisme tels qu’il n’y demeura pas vingt-quatre heures. Le troisième compagnon, qui avait grand peur des assassins, avait apporté de Turin un arsenal d’armes blanches et il faisait la grosse voix pour effrayer ses hôtes. On le prit pour un homme terrible, un tueur de profession, et on le servait à pieds baisés.
Ce seigneur piémontais, malgré ses vingt-cinq ans, concentrait tout son enthousiasme sur l’article unique du macaroni. La douceur du climat, les quinze degrés de chaleur dont nous jouissions en février, la beauté du site, les merveilles de l’art, n’exerçaient sur lui aucune influence. Il ne faisait que maugréer Naples