Le jeu de la loterie est une véritable fureur en Italie et surtout à Naples, car les passions italiennes sont au superlatif dans l’âme du Napolitain. Sur quatre boutiques il y a au moins un bureau de lotto ; c’est comme les cabarets en France. Une population sans pain et sans chemise qui vit jusqu’au lendemain avec un sou, apporte par an quatre ou cinq millions de francs dans le tonneau des Danaïdes. La veille du tirage, six personnes établies à chaque comptoir suffisent à peine à la distribution des billets. On présente aux joueurs toutes sortes d’appâts. Le bureau est orné de festons magnifiques. Des guirlandes de toutes les couleurs fascinent le passant et lui offrent des ternes bigarrés comme des arlequins. Aimez-vous le rouge ? Mettez votre argent sur les numéros rouges. Préférez-vous le jaune ? Votre fortune est faite ; voilà un terne jaune comme de l’or. Souvent on aperçoit, au fond du bureau, dans un transparent, trois numéros bien meilleurs que les autres, couronnés de fleurs, avec inscription : Ecco la vera sorte ! C’est l’administration elle-même qui, par désintéressement, vous annonce d’avance le résultat du tirage : comment pourriez-