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Page:De Navarrete - Relations des quatre voyages entrepris par Christophe Colomb, Tome 2.djvu/32

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jour, le vent souffla ensuite un peu. La flottille suivant toujours sa route fit à peine treize lieues pendant tout le jour et toute la nuit. On trouva tant d’herbe dès le point du jour, que la mer en paraissait prise comme elle l’eût été par la glace : cette herbe venait de l’ouest. On vit un fou (alcatraz), la mer devint unie comme une rivière, et les airs de vent les meilleurs du monde. On aperçut une baleine (ballena), ce qui est un signe certain qu’on n’était pas loin de terre, parce qu’elles en vont toujours près.[1]

Samedi, 22 septembre.

On navigua à l’ouest-nord-ouest, déclinant plus ou moins d’un côté ou de l’autre : on fit environ trente lieues ; on n’apercevait presque pas d’herbe. On vit quelques damiers ou pétrels tachetés (pardelas) et autres oiseaux. L’amiral dit ici : Ce vent contraire me fut fort nécessaire, parce que les gens de mon équipage étaient en grande fermentation[2], pensant que dans ces

  1. Le jugement de l’amiral est très fondé, car il naviguait à quatre lieues de distance nord des brisans dont il a été déjà parlé. (M. F. de Nav.)
  2. « Ici l’équipage commença à murmurer de la longueur du voyage. » (Bartolomé de Las Casas.)