Page:De Pitray - Voyages abracadabrants du gros Philéas, 1890.djvu/104

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Philéas. — Ma foi ! je n’aimerais pas me fourrer un burnous sur la tête et m’envelopper d’un turban, moi ! (Polyphème rit.) Mais dites donc, mon cher ami, pourquoi ne profiterais-je pas du beau temps pour aller voir les environs, aujourd’hui ?

Polyphème. — Volontiers ; je vais rassembler une escorte et nous nous mettrons en route dès que nos chevaux seront prêts.

Polyphème alla effectivement surveiller les préparatifs de la promenade. Resté seul, Philéas s’ennuya promptement, agacé qu’il était par les puces qui continuaient à le dévorer, et prenant son fusil, attachant sur son dos la cage de fifi-mimi, il sortit pour flâner dans les environs en attendant son ami.

Au détour d’une rue, Saindoux se trouva face à face avec un petit nègre, noir comme du charbon et dont la figure était remarquablement drôle, intelligente et maligne, malgré une affreuse laideur.

Ce petit nègre était entièrement vêtu de blanc, ce qui le rendait d’autant plus extraordinaire.

Philéas. — Ah ! le drôle de petit bonhomme ! Bonjour, moricaud, sais-tu le français ?

Le petit nègre. — Moi, le savoir un peu, beau blanc.

Philéas. — Comment te nommes-tu, petit ?

Le petit nègre. — Pauvre négrillon s’appeler : Sagababa.

Philéas, éclatant de rire. — En voilà un nom cocasse ! Eh bien, Sagababa, veux-tu me mener jusqu’à un arbre à fruit quelconque ? je grille de manger des produits africains ; ils doivent être excellents, surtout cueillis tout frais !