XI
« Maître à moi ! »
Le lendemain, Philéas, en sortant de sa chambre, trébucha sur un corps noir étendu en travers de sa porte. Il examina ce que c’était, secoua le dormeur et reconnut Sagababa.
— Oui, c’est pauvre négrillon, maître à moi, dit Sagababa en se frottant les yeux ; moi attendais tes ordres.
— Joliment ! observa Philéas avec humeur ; tu te fourres comme un paquet sur mon seuil pour me faire dégringoler ; c’est bête comme tout, ça !
SAGABABA. — Mais, maître à moi…
PHILÉAS, impatienté. — Il n’y a pas de « maître à moi » qui tienne ; va te promener et laisse-moi tranquille ! Je n’ai besoin de personne à mon service ; je ne veux décidément pas de domestique, entends-tu ?
SAGABABA, se rebiffant. — Moi, pas domestique ! moi, esclave de maître à moi.
PHILÉAS, agacé. — Prelotte ! qu’il est entêté ! Ah ! voilà Polyphème. Cher ami, aidez-moi donc à me débarrasser de ce négrillon ; il m’a accompagné