Page:De Pitray - Voyages abracadabrants du gros Philéas, 1890.djvu/132

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

POLYPHÈME, abasourdi. — Qu’est-ce que c’est que ça ?

PHILÉAS. — Califourchon ! je lui rends la monnaie de sa pièce, parbleu !… je lui réponds dans sa langue que je ne comprends pas.

POLYPHÈME, éclatant de rire. — Ah ! c’est délicieux ! Philéas, vous êtes un grand homme ! Quelle facilité pour parler les langues !

PHILÉAS, flatté. — Oui, je ne suis pas bête ! En attendant (il reprend son air soucieux) je n’ai pas ce que je voulais demander à l’hôte.

POLYPHÈME. — Qu’est-ce que c’est ? je vais vous le procurer, moi.

PHILÉAS, hésitant. — C’est que c’est très difficile à… je vais vous le dire tout bas ; ça me gênera moins. (Il lui parle à l’oreille.)

POLYPHÈME, gaiement. — Oh ! oh ! c’est difficile à trouver ici, en effet ! n’importe ; restez ici, cher Saindoux, je vais mettre Sagababa en campagne.

Resté seul, Philéas attendit avec anxiété l’objet mystérieux qui lui tenait si fort au cœur. Son front s’éclaircit en entendant un bruit de pas dans le corridor ; presque au même instant Polyphème reparut. Il précédait d’un air solennel Sagababa qui portait, comme un fusil, un de ces énormes et antiques instruments illustrés par M. de Pourceaugnac.

PHILÉAS, reculant. — Ah, Tueur ! qu’est-ce que c’est que cette machine-là ? c’est formidable !

POLYPHÈME, tranquillement. — Elle est un peu gênante, mon ami, mais vous pourrez vous en servir tout de même.

PHILÉAS, piteusement. — Croyez-vous ?

POLYPHÈME, souriant. — Dame ! il n’en coûte rien d’essayer.