Page:De Pitray - Voyages abracadabrants du gros Philéas, 1890.djvu/136

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

était venu à reculons tomber assis entre deux Anglaises qui déjeunaient.

La plus jeune s’évanouit ; la plus vieille poussa des cris d’horreur ! Ses « shocking » se succédaient avec la rapidité de l’éclair pendant que Polyphème et Sagababa se roulaient à force de rire. Ce spectacle était complété par l’immobilité du pauvre Saindoux, qui restait toujours assis d’un air hébété, avec son arme au bras.

Enfin Polyphème retrouvant son sang-froid fit lever son ami, l’emmena dans sa chambre et barricada l’odieuse porte, cause de tout le malheur.

— Quelle honte pour moi ! dit alors Philéas, sortant de sa stupéfaction. Sauvons-nous, pour l’amour de Dieu !

POLYPHÈME. — Eh non ! ces dames ne vous reconnaîtront pas.

— Vous croyez ? demanda le pauvre Saindoux d’un air piteux.

— Très certainement, reprit Polyphème avec assurance ; vous leur avez tourné le dos constamment.

— C’est vrai, observa Philéas rassuré.

— Et puis elles ne savent pas l’allemand, à ce qu’il paraît, continua Polyphème, et enfin elles ne se vanteront pas de ce qui vient d’arriver, soyez-en sûr. Allons ! je vous laisse manœuvrer votre canon pour de bon comme vous dites. Je vais vous attendre en bas pour dîner.

Philéas rejoignit bientôt Polyphème, et le lendemain, les amis, escortés de Sagababa, continuèrent leur voyage, se dirigeant vers la Suisse pour chasser les… chameaux.