aution respectueuse, vous meurtrissez l’objet de votre vénération, petit drôle !
À cela, Sagababa ne répondit qu’en se grattant l’oreille d’un air penaud.
Enfin, après de nombreux efforts, les touristes arrivèrent au sommet de la célèbre montagne. Mais là, leur désappointement fut complet ; ils ne voyaient rien… D’épais brouillards les enveloppaient et dérobaient à leurs yeux toute apparence de vue !
— Sac à papier ! s’écria Philéas, avons-nous du guignon… Si nous avancions encore un peu, nous aurions, sans doute, à défaut de mieux une bonne installation pour déjeuner.
Il avait à peine fait vingt pas, en achevant ces mots, quand le guide s’élança vers lui et le ramena vers ses compagnons.
— Où courez-vous, monsieur ? dit-il avec force. Par ici, la montagne descend à pic à quatre mille pieds !…
Polyphème saisit le bras de son ami qui pâlissait à l’idée de son imprudence, tandis que Sagababa effrayé s’accrochait aux basques de son téméraire « maître à moi ».
— Tenez, Saindoux, il faut faire notre deuil de toute vue, s’écria Polyphème. Consolons-nous en déjeunant ici tranquillement. Guide, avez-vous… Oh ! regardez, regardez donc, Philéas, le splendide et féerique tableau !
En effet, un coup de vent faisait mollement onduler les épais brouillards blancs qui s’ouvrirent tout à coup, montrant aux voyageurs ravis un spectacle vraiment sublime. À leurs pieds s’étendaient