Page:De Pitray - Voyages abracadabrants du gros Philéas, 1890.djvu/179

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dégusté la fameuse graine de lin, riait aux larmes et du dialogue et de la figure des interlocuteurs.

Enfin Philéas, recouvrant ses esprits, empoigna la graine de lin et la lança à la tête de Sagababa en criant de toutes ses forces :

— Sale polisson !

Le petit nègre, la figure inondée de cette pâte gluante, disparut en un clin d’œil et courut se réfugier dans la cuisine.

Mais le dîner était fini pour Philéas, écœuré par ce que venait de lui faire avaler Sagababa.

Il assista tristement au repas de Polyphème et se retira chez lui le soir, en se promettant bien de ne plus laisser Sagababa le soigner si despotiquement.

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— Avant de partir pour la Pologne, mon très cher, dit Polyphème au gros Saindoux, lorsque ce dernier fut rétabli ; allons donc faire une promenade dans les environs ; pour nous éviter toute fatigue, je suis d’avis de prendre simplement une voiture ; ce sera plus commode et plus rapide.

— Je ne demande pas mieux, s’écria Philéas ; il y a longtemps que je n’ai conduit et je ne veux pas perdre mon talent de cocher. Je vais vous mener un peu lestement, Tueur, vous allez voir. Hé ! Sagababa, fais-nous venir l’hôte afin de lui louer ce qu’il nous faut pour une excursion.

Sagababa se précipita pour obéir et revint bientôt, escorté de l’hôte qui venait d’être mis au courant par lui de ce dont il s’agissait.

L’HÔTE, affairé. — Ces messieurs veulent une voiture et un cheval ? J’ai leur affaire. Un charmant