Page:De Pitray - Voyages abracadabrants du gros Philéas, 1890.djvu/250

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— Cela ne peut pas rester ainsi !

Sagababa se frappa le front d’un air ravi au moment où Philéas allait recommencer ses doléances.

— Maître à moi se peindre avec du cirage ! s’écria-t-il.

— Tiens, au fait ! avec force cosmétique noir, je serais sauvé, dit Philéas avec joie ; qu’en dites-vous, Tueur ?

POLYPHÈME. — Il faut essayer, mon ami ! essayer de tout, car cette nuance est impossible.

PHILÉAS. — Parbleu ! oui, je le vois bien. Quelle horreur ! Sagababa, monte dans la trique, mon garçon, cours à Moscou (nous n’en sommes pas bien éloignés, heureusement) et ramène-moi un coiffeur avec beaucoup de pommades, de cosmétiques et des poudres de toutes les couleurs.

Courir était toujours un bonheur pour le négrillon, mais aller faire cette course de confiance était un surcroît de félicité, aussi disparut-il comme un éclair.

Après son départ, le triste Philéas remit avec résignation son bonnet de soie noire et alla tâcher de se distraire par une excursion avec Polyphème. Ils allaient un peu au hasard et virent au loin après une assez longue marche un campement bizarre.

Au bord du chemin était une lourde charrette couverte ; près de l’équipage se tenait un homme encore jeune, bizarrement vêtu, et dont la figure basanée était aussi rusée que spirituelle. Il salua