Page:De Pitray - Voyages abracadabrants du gros Philéas, 1890.djvu/35

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

serons… Je ne me rappelle plus quoi ! et en Asie, nous nous attaquerons aux tigres et aux Taugs[1].

M. de Marsy, fronçant les sourcils. — Encore une terrible chasse que celle de ces Taugs ! Ils valent les orangs-outangs, dans leur genre. Décidément, Philéas, ces voyages seraient une suite de folies. Je vous donne très sérieusement le conseil de ne pas vous exposer à cette série de dangers, que les chasseurs les plus braves affrontent sans les rechercher. (Insistant.) Songez que votre santé ne pourra peut-être pas supporter le climat des pays chauds, les froids horribles de l’Amérique du Nord ! songez enfin que vous partez avec…

Philéas. — J’ai songé à tout, Monsieur le Vicomte (avec dignité), et à bien d’autres choses encore ! (Rires étouffés.) La soif des voyages, des dangers, des aventures m’empêche de jouir de la vie ! Je pars heureux. Une seule chose m’ennuie ; c’est le satané bouvreuil de ma cousine. Il va falloir que je le trimballe dans les déserts, dans les savanes, et toujours sur mon dos ; ça ne sera pas commode.

Mme de Marsy, étonnée. — Comment ! vous ne pouvez pas le confier à quelqu’un ici, pendant vos voyages ?

Paul, malignement. — À Gelsomina, par exemple ! elle serait enchantée de vous rendre ce petit service.

Philéas, avec horreur. — Oh !… non ! le testament de ma cousine dit que je ne dois pas me séparer de fifi-mimi, que je dois le soigner tous les

  1. Étrangleurs indiens.