Page:De Pitray - Voyages abracadabrants du gros Philéas, 1890.djvu/46

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— Qu’est-ce que vous tuez donc, Monsieur Polyphème, de si terrible et dangereux ?

— Je suis le Tueur de colibris féroces, qu’il répond avec majesté. Ces animaux horribles ravagent l’Afrique et l’Amérique. Rien n’est à l’abri de leurs becs formidables et de leurs serres terribles ! Ces énormes oiseaux ont six mètres de hauteur ; leur bec est long comme mon bras, et déchire un lion d’un seul coup ! Moi seul ai le courage de chasser et de détruire ces redoutables colibris ! Vous jugez, Saindoux, de la reconnaissance et de l’admiration qu’ont pour moi des populations tout entières ?

Ces paroles si modestes m’apprenaient les hauts faits du héros qui daignait m’admettre dans sa société intime ; elles me transportèrent d’admiration et de joie.

— Homme illustre ! m’écriai-je en me jetant dans ses bras, je suis confus d’avoir douté de vous un seul instant ! Je suis à vous, à la vie et à la mort !

Celui que je me plais à appeler « mon ami le Tueur de colibris féroces » éclata de rire. (Il est gai comme un pinson, ce grand homme ; il ne peut jamais me regarder sans rire, ça me fait plaisir.)

— Allons dîner, dit-il ; nous parlerons de notre voyage et de nos préparatifs… mais que diantre faites-vous de cette cage sur votre dos ?

— Ça, répliquai-je, c’est le fifi-mimi, notre compagnon d’aventures.

Je lui racontai alors comment le testament de ma cousine m’ordonnait de ne jamais m’en séparer.

Polyphème se pâma de rire et daigna se charger de la cage, puis nous allâmes dîner. Il me recom-