Page:De Pitray - Voyages abracadabrants du gros Philéas, 1890.djvu/88

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caverne, Seigneur ! c’est la Suzanne[1] des quarante voleurs !

Deuxième employé. — Est-il là ?

Premier employé. — Oui, et il a fameusement besoin de mes clous et de mon marteau.

Philéas, anéanti. — Miséricorde ! ils veulent me torturer avec des clous, les misérables ! ah mais ! j’invoque Suzanne s’ils approchent… tant pis, il arrivera ce qu’il pourra !

Premier employé. — Allons ! dépêche-toi ; il faut lui faire son affaire et lestement encore !

À peine avait-il dit ces mots que Saindoux se précipita hors du wagon sur eux, en vociférant : « Suzanne, ouvre-toi ! misérables, tremblez ! »

Les employés, effrayés de ces cris, le prenant pour un malfaiteur, rendirent avec usure au gros Philéas coups de poings et coups de pieds en appelant leurs camarades.

On accourut de toutes parts et l’on parvint à s’expliquer. Ce fut long et difficile, Saindoux soutenant avec obstination qu’il était prisonnier dans une caverne de bandits. On ne put le détromper qu’en le conduisant à la gare et en lui montrant la voie du chemin de fer.

Il se rendit enfin à l’évidence, se tranquillisa et demanda à rejoindre Polyphème à la station suivante, pensant avec raison que son ami devait l’y attendre.

Il avait fait grand tapage et le chef de gare, lui gardant rancune de cette scène ridicule, imagina de

  1. Sésame