Page:De Pitray - Voyages abracadabrants du gros Philéas, 1890.djvu/90

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Philéas. — Ah !… Enfin ! c’est ici que je m’arrête, mon ami, laissez-moi descendre, s’il vous plaît… Eh bien… arrêtez, conducteur… satané conducteur !… Polyphème, courez après nous ! à la garde ! à la garde !…

… Car la locomotive, plus rapide que jamais, avait passé comme le vent, laissant derrière elle Polyphème qui ne pouvait s’empêcher de rire de cette nouvelle mésaventure, tandis que Saindoux, rouge comme un coq, les cheveux ébouriffés, gesticulait comme un furieux sur la machine.

Le mécanicien eut bientôt pitié de Philéas et lui offrit de l’installer dans une autre locomotive qui allait à la station de Polyphème.

Philéas y consentit avec bonheur et s’y précipita, pendant que le malin conducteur s’éloignait, à la grande satisfaction de Saindoux qui se croyait au bout de ses peines.

Il arriva en effet à bon port à la station où l’attendait son ami, mais en voulant sauter sur le trottoir qui bordait la voie, il calcula mal la distance et, au lieu de tomber dans les bras de Polyphème, il disparut dans un énorme panier placé près de son ami.

Philéas poussait de grands cris, en tâchant de se dépêtrer de sa prison. Les voyageurs riaient comme des fous, tout en l’aidant. Saindoux se redressa bientôt au milieu de la bourriche… il était inondé de jaune d’œuf !

Philéas, furieux. — Sac à papier ! j’ai du guignon… quelle omelette, mes amis ! J’ai au moins deux cents jaunes d’œufs sur le corps… Prelotte ! comme ça colle ! Vite ! de l’eau, que je me lave…