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I" PARTIE. PRINCIPES DE LA MECANIQUE. 17

repos ou de mouvement où ils sont , jusqu'à ce qu'une cause étrangère les en tire, s'appelle inertie. Mais quelle est cette cause qui tire les corps de leur état de repos ou de mouvement? On la désigne génériquement par le mot force ; et puisque nous en sommes à employer ce mot en mécanique, il est bon de se faire une idée précise de sa signification.

33. Nous avons vu (3) que les idées partielles, dont notre idée collective du mouvement est composée, sont la direction, l'espace parcouru, et le temps. En mesurant ensuite le mouve- ment relativement à l'espace parcouru et au temps, nous avons nommé vitesse la relation de ces deux éléments ; ainsi nous pouvons considérer notre notion du mouvement comme com- posée de la direction et de la vitesse, en observant bien, d'après ee qui est dit ( 27), que nous n'avons pas par-là une connois- sance de la nature du mouvement, mais seulement des phéno- mènes sensibles qui l'accompagnent.

Cela posé , on entend par force toute cause quelconque qui

1>eut donner du mouvement à un corps en repos , ou modifier e mouvement d'un corps qui se meut, en changeant ou sa di- rection, ou sa vitesse, ou l'une et l'autre de ces deux choses.

La force, dans l'acception la plus étendue, est donc tout ce qui peut surmonter l'inertie des corps. Cette dernière propriété semblant opposer une résistance à la force, on l'a considérée comme d'une nature analogue, et on l'a appelléc force d'inertie. Mais c'est embrouiller les idées sans éclairer l'esprit; le mot force, joint à celui à' inertie, n'ajoute rien à sa signification , et ne fait qu'introduire l'équivoque, qu'on doit si soigneusement éviter dans les sciences mathématiques.

D'après ce que nous avons dit (27) sur l'ignorance absolue où nous sommes de la nature du mouvement et de celle de sa cause, qui n'est autre chose que la force, on voit qu'il est im- possible de rien établir à priori sur cette cause. Nous nous bor- nerons donc à en mesurer les effets; ce qui est, dans le vrai, la seule chose dont nous ayons besoin.

34. Parmi ces effets, celui qui nous est le plus familier est l'impulsion, ou l'action que les corps exercent les uns sur les au- tres par le choc ; nous allons d'abord nous en occuper, et nous verrons bientôt que tous les autres peuvent s'y rapporter, au moins quant à la manière de les calculer.

Nous supposerons que les corps qui se choquent sont incom- pressibles ou parfaitement durs, que leur figure est sphérique, et que la direction de leur mouvement est dans la même ligne Tome I. C