Page:De Prony - Nouvelle architecture hydraulique, Première partie, 1790.djvu/9

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AVERTISSEMENT. vî j

L'ordre de la description des machines doit être assujetti n leur filiation réci- proque ; filiation que j'ai développée dans le chapitre de cette première partie , où je traite des machines à élever l'eau en général et des pompes en particu- lier. J'y fais voir comment on peut passer par une gradation non interrom- pue des procédés les plus simples aux plus compliqués , et comment chacune des machines qui composent cette suite n'est qu'une modification particulière des moyens primitifs que nous suggèrent sans étude les notions qui dérivent des besoins de première nécessité. Ce plan, considéré dans toute son étendue , n'of- fre point la série historique des inventions ; il présente même souvent un ordre inverse : car , dans bien des cas , lorsque l'homme a eu besoin d'appeller l'art h son secours, il a commencé par des moyens compliqués avant de parvenir à la simplicité qui caractérise la perfection. Mais il s'agit ici d'une exposition rai- sonnée et non pas d'une nomenclature chronologique ; ce qui n'exclura pas néanmoins les détails historiques sur l'origine et les progrès successifs des in» Tentions. Voici un apperçu de la méthode que j'ai suivie pour la description des machines.

Le moyen le plus simple d'élever l'eau est sans doute celui de la recueillir dans un seau ou vase quelconque auquel la main de l'homme est immédiatement appliquée : lorsqu'ensuite la surface du fluide est trop éloignée pour que la main puisse y atteindre , on attache des seaux à une corde qui tourne sur une poulie ou sur un cylindre , le mouvement pouvant alors être produit par des moteurs et des machines quelconques. Veut-on plus de continuité dans l'écoule- ment , on fait monter et descendre alternativement, par le moyen d'une chaîne ou corde sans fin , plusieurs vases qui , se vidant à des intervalles rapprochés , produisent la continuité qu'on désire. Ce procédé conduit à observer qu'en supprimant les vases, la simple adhésion de l'eau à la chaîne ou corde sans fin, combinée avec la vitesse ascensionnelle, peut suffire pour élever une cer- taine quantité de ce fluide. La substitution d'une roue à une chaîne se présente ensuite naturellement et offre des avantages ; les récipients d'eau attachés à cette roue se vident ou par le centre ou par la circonférence , et eu général prennent et versent l'eau d'un même côté par rapport à l'axe ; mais on peut s'aviser de placer un récipient de manière qu'il puise l'eau d'un côté et la verse de l'autre côté de l'axe , soit à angle droit , soit obliquement à sa direction : le dernier cas fait voir la possibilité de donner aux molécules fluides un mouve- ment composé qui les fasse correspondre successivement à différents points de l'axe ; et en généralisant cette idée, d'abord très simple , on parvient a l'in- génieuse invention d'un vase formé en tuyau ou canal spiral , serpentant au- tour d'un axe de rotation oblique à l'horizon , et élevant l'eau par l'inclinaison variable des éléments do sa paroi intérieure.